Des policiers «impolis» et «arrogants» à Montréal-Nord

Source: Canoë

MONTRÉAL – Afin d’éviter que des tragédies comme celle du 9 août 2008 qui a mené à la mort de Fredy Villanueva ne se reproduisent, les policiers devraient éviter d’utiliser leur arme à feu de service «comme un jouet», estime Jonathan Senatus, témoin de la fusillade qui a coûté la vie à son ami.

Le jeune homme de 21 ans a du même souffle indiqué au coroner André Perreault, qui préside l’enquête sur la mort du jeune Villanueva, qu’il règne un climat extrêmement tendu à Montréal-Nord depuis les événements, particulièrement entre la police et les citoyens.

Questionné par le procureur du coroner, Me François Daviault, Senatus a expliqué que les résidents du quartier ont la nette impression que les forces de l’ordre scrutent davantage leurs activités depuis deux ans et font souvent preuve de manque de tact, voire d’arrogance à leur égard.

Senatus, qui en était à sa première journée à la barre des témoins, a d’ailleurs relaté un incident de cette nature qu’il a vécu quelques semaines après la mort de Fredy Villanueva. Alors qu’il roulait au volant de son véhicule dans le quartier, il a constaté qu’une voiture de police le suivait de très près, sans raison apparente. Nerveux, Senatus a alors effectué un virage en omettant d’activer son clignotant arrière, de sorte que le policier l’a sommé de se ranger sur le côté de la chaussée.

Le patrouilleur qui le talonnait s’est alors approché de lui. «Tu mets pas ton “flasher” quand tu tournes, toi?», lui aurait-il demandé sèchement. Après une brève discussion, le policier a accepté de laisser repartir Senatus, non sans le prévenir sur un ton «arrogant» que la prochaine fois, il écoperait d’une contravention.

«S’il avait pu au moins me le dire poliment… J’aurais presque préféré avoir le “ticket”», a soupiré le témoin, qui a répété que ce genre d’incident serait légion depuis le drame.

Sur « l’adrénaline » Auparavant, à l’instar d’Anthony Clavasquin qui l’a précédé à la barre des témoins, Senatus a affirmé que le policier Jean-Loup Lapointe, qui a abattu Fredy Villanueva, semblait déjà très tendu lors de son arrivée au parc Henri-Bourassa. Selon ses dires, il avait «l’air fâché» et «le visage rouge» lorsqu’il a interpellé Dany Villanueva en lui disant qu’il l’avait vu jouer aux dés, quelques instants après que lui et sa partenaire Stéphanie Pilotte soient arrivés sur les lieux.

«Il avait l’air sur un “high” d’adrénaline […] Il en tremblait presque», a déclaré Senatus. Un comportement qu’il aurait également affiché au moment d’ouvrir le feu en direction du groupe de jeunes qui se tenait près de lui, tuant ainsi Fredy Villanueva et blessant deux autres témoins.

Rappelons que dans son propre témoignage qui avait duré onze jours, l’agent Lapointe avait répété qu’en tout temps, il s’était adressé calmement à l’ensemble des gens qui étaient sur les lieux et que c’est parce que certains jeunes, dont Fredy, s’étaient rués sur lui qu’il avait dû utiliser son arme à feu.

L’enquête se poursuit mercredi, au Palais de justice de Montréal, avec la suite du témoignage de Jonathan Senatus.

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